Friday, October 18, 2019

Jazz (Laleau)


Le trombone vient d'Honolulu,
De la Barbade, le saxophone,
Et le grand mulâtre au nez poilu
Qui grimace une chanson bouffonne,
Un soir, s'est enfui de Port-de-Paix.

"Mais avec qui des trois, se demande,
(Tous les trois ont de crépus toupets!)
Se demande la putaine flamande,
Avec qui passerai-je ma nuit,
Pour n'avoir pas une nuit d'ennui"?



Toque marron, gourmette en or à la cheville,
Tu disculpes l'amour où ton cœur s'ennuyait.
Et, comme au bout d'un vers trop fait, quelque cheville
Orgueilleuse, un rubis rutile à ton poignet.

Au cendrier, ton Abdulah s'épuise, Hortense,
Bleuissant de parfum ton rêve, ou ton ennui.
Et le nègre du Jazz décuple d'importance
Quand jusqu'à lui, tes yeux élargissent leur nuit.

Son rire alors, bordé de sang, fendu de nacre,
Vous griffe l'air qu'il hurle, en le scandant des reins.
Sanglots gluants du saxophone... Fumée âcre...
Et meurt le blues, parmi des lambeaux de refrains.

The above poems, from Leon Laleau's Musique nègre, published in 1931, provide an interesting example of jazz's influence on Haitian poetry at the time. An English translation of the first poem can be found here.

No comments:

Post a Comment