Saturday, July 19, 2025

Sur le morne lointain

Enjoy a poem by Oswald Durand with Vodou as a central theme. It certainly features an interesting use of repetition and rhythm

Sur le morne lointain, semé de blanches cases,
Le tambour qui rugit le chant mystérieux
Du magique vaudoux, aux divines extases,
Où l’on immole un bouc, où l’on brise des vases,
Enivre les papas, qui battent, furieux,
Le tambour qui rugit le champ mystérieux
Sur le morne lointain, semé de blanches cases.

En sons sourds, sibyllins, du gosier des sambas,
L’improvisation pleurant les dieux antiques,
Réveille les vieux morts qui gémissent là-bas,
Et guide les danseurs dans leurs lascifs ébats.
Les adeptes fervents écoutent, frénétiques,
L’improvisation pleurant les dieux antiques,
En sons sourds, sibyllins, du gosier des sambas.

Dans le fond où Legba gouverne les yeux mornes,
[73] Au pied du saint autel qu’entourent les houncis,
Dont les lugubres chants s’entendent dans les mornes,
On conduit le bouc noir, le bouc à quatre cornes,
Qui penche son front ceint de rubans cramoisis,
Au pied du saint autel qu’entourent les houncis,
Dans le fond où Legbas gouverne les yeux mornes.

Une sainte terreur emplit le lieu divin.
On ne voit que l’éclair de la mortelle lame.
Pour plaire au dieu vaudoux, le grand prêtre devin
Donne à boire aux élus le rhum mêlé de vin,
Brise le vase rouge et fait envoler l’âme…
On ne voit que l’éclair de la mortelle lame…
— Une sainte terreur emplit le lieu divin.

Sur le morne lointain semé de blanches cases,
Toujours le tambour dit le chant mystérieux.
Mais l’antique vaudoux, aux magiques extases,
Plus n’égorge le bouc, plus ne brise les vases.
Les papas ne sont plus, qui battent, furieux,
Le tambour qui rugit le chant mystérieux
Sur le morne lointain, semé de blanches cases.

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